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Un aimé disparu et la vie inoccupée

celle qui déposeFaut il dire pour s’alléger, déposer la peine pour essayer de se dépasser, j’ignore comment faire aujourd’hui mais j’ai envie de dire la douleur, le chagrin d’avoir perdu un être cher, l’ami précieux, ce Beau frère tant adoré, tant admiré. Cet accident, ce retour du boulot le soir sur sa moto, les voitures freinent brutalement, manœuvre d’évitement et sa tête explosée contre le bus qui venait en face, l’accident me revient sans cesse et je ne fais qu’imaginer cette minute assassine. J’ai offert, trois jours après, sous la contrainte, puisqu’il ne fallait rien changer, les clefs de sa moto à mon fils pour ses 18 ans et j’ai le cœur déchiré par la peur, par l’idée de lui avoir offert la mort dans un paquet cadeau. J’ai plein de colère envers ceux qui ne voulaient rien changer, qui m’ont dit que c’était malgré tout un jour de fête même sans lui, et j’ai tant pleuré, sur cette mort, sur cette perte insupportable, sur tout le reste. Une opportunité d’avouer le supplice de cette vie que j’essaye en vain de rendre un peu jolie. Ne pas aimer pour ne rien perdre c’est tellement vide de manques cruels.

Commentaires

  • J'ai le coeur qui bat la chamade, d'émotion, de ta douleur, et de rage aussi contre l'inattention , en ce moment et de loin je crois que j'aurais foutu en l'air ces clés, mais bon, tu sais mieux. En regardant "Les petits mouchoirs" on se dit, ouf, ce n'est qu'un film, mais parfois, hélas, la vie l'emporte sur la fiction.

  • oh c'est pas possible!cela me fait beaucoup de peine pour toi et ta famille c'est terrible. Je sais combien tu aimais ton beau-frère pour t'avoir écoutée en parler. oh ma belle comment partager ta douleur, dire les mots qui apaisent c'est tellement injuste.
    Je t'embrasse de tout mon cœur

  • Comment se résoudre à ce que rien ne change ?

  • Merci les filles ; -) pour vos mots, j'ai hésité à envoyer cette note par peur d'avoir à répondre à de tels commentaires, d'avoir à répondre à des questions sans réponses pour moi, d'êtres touchée de vous voir encore ici. Je vous embrasse. Et à bientôt pour des voyages plus amusants.

  • La mort n’est pas une fête. Elle est une dette. Nous devons à la vie tout un tas de turbulences, mais une plus que les autres : l’affronter debout en nous affirmant de ce que nous sommes à l’intérieur de nous-mêmes. Il en va de notre propre estime, c’est donc capital, me semble-t-il.
    Dire et faire ce que l’on sent vaut mieux que tous les conseils du monde. Je suis un miraculé d’un accident de moto. Sur fauteuil roulant depuis dix ans. A l’époque, nous avons vendus tous les deux roues de la maison. Et, mes fils ont accepté volontiers cette prétendue contrainte.
    Voilà résumé en quelques mots ce que je ressens.
    Amicalement.

  • Je ne sais que dire face à ton témoignage, c'est fort, les gens que j'aime, mes proches, sont tous ou presque motards, mais je n'ai jamais eu peur, il était facile de dire "ça n'arrive qu'aux autres" mais lui et toi vous êtes la preuve que non, l'accident est vite arrivé et on ne contrôle plus rien, faut faire avec, la peur au ventre. Certains après la mort de Pierre on dit abandonner la moto, d'autres prennent le temps de la réflexion, et mon fils comme pour faire un pied de nez à je ne sais qui s'obstine à vouloir faire ce qu'il veut, mercredi dernier il a réussi la première partie du permis, reste la route, il ne s'est posé aucune question, son père non plus, motard lui aussi.Ils pleurent un homme en oubliant les circonstances de sa disparition. Moi j'ai peur sans savoir quoi faire et je me dis que j'aurais peur tout le temps et que s'est entièrement de ma faute, j'ai offert sa moto à mon fils, son plaisir aujourd'hui ne pourra jamais compenser l'idée que si il arrivait quelque chose, jamais je ne pourrais me le pardonner. Mais il faut continuer, la vie est là et il faut la remplir en essayant de mettre le chagrin et cette peur de coté . J'imagine que tu as appris à le faire, peut être cela est il possible. Merci à toi.

  • Je crois que tu as tord de te responsabiliser à ce point. Ce que l'on offre est accueilli, quoiqu’il en soit. Cependant, tu as raison, on est l'acteur et le spectateur de chacun de nos mouvements. Nous sommes toujours ou presque dans le compromis entre la joie pure que l'on souhaite offrir et le rayonnement de la peur. Je crois plus sage de se pardonner à soi-même de n'être qu'un humain imparfait et vulnérable. On n'échappe pas à l'angoisse du pire. On compense soi-même la dichotomie qui réside toujours entre le blanc et le noir. Parfois avec succès, souvent avec une lourdeur dans le ventre qui résonne dans nos voix.

  • L'angoisse du pire, oui c'est très exactement ça et je ne peux que me responsabiliser, c'est un sentiment brutal et imposant mais j'espère pouvoir le mettre de coté en prenant le temps. Je te remercie B. pour la justesse de tes mots qui me touchent.

  • Il n'est pas trop tard n'est-ce pas ma Boug, pour te dire mon soutien et surtout faire écho à tes mots : oui "Ne pas aimer pour ne rien perdre " est tentant, si tentant. Pourquoi pas. Être verrouillé du sentiment pour éviter la douleur, la contourner et contourner sa vie tant qu'on y est... No way, la vie est une rivière, enrichissons-là de nos larmes !

  • Tentant et tellement plus facile.
    Il n'est jamais trop tard pour rien Gi.

  • No comment ...

  • Entendu.

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