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  • C’est un peu de ciel qui encadre

    Solitude_by_AndreyBobir.jpgLe silence est comme l’ébauche de mille métamorphoses. Yves Bonnefoy

    Quelqu’un est arrivé ici en tapant cette citation dans un moteur de recherche, je la trouve belle et pleine de jolies promesses, le silence inspire quoi qu’on en dise, il y a ceux qui l’aiment, ceux qui détestent, au milieu de tout ça, le silence fait du bruit d’une façon ou d’une autre, on dit que tout être vivant est limité dans la perception du silence par le simple fait qu'il émet lui-même des sons. Apprendre à se taire, s’éteindre, s’enfouir pour réinvestir un espace, le vide, un monde, le notre.

    Au fond, c’est ça la solitude : s’envelopper dans le cocon de son âme, se faire chrysalide et attendre la métamorphose, car elle arrive toujours. August Strindberg, extrait de Seul.

    Merci August je vénère ton optimisme.

    Illustration Andrey Bobir

  • 8 - Les saccades d'un antécédent

    swarm2.jpgLa surprise me laisse muette, figée, le souffle coupé. Gabriel est là, suffisamment proche pour que d’un mouvement je puisse le toucher, je n’ose le faire, je reste là sans rien réaliser, sans rien dire. Pourquoi est-il là ? Il a rompu le lien tenu, d’un geste, de quelques mots, sans se retourner, sans réaliser qu’ainsi il me laissait profondément blessée, le pardon qu’il voulait je n’ai même pas pu l’envisager, la haine en cataplasme a fait son œuvre et aujourd’hui il est trop tard, bien trop tard. Le faire entrer, comment résister, pourquoi oublier qu’il piétine ma vie trop souvent, avant de repartir, enchainé à son étrange maléfice. Son visage est abimé, son corps entier semble frissonner, prêt à se briser, dans quelle vie est-il tombé, à quelle histoire s’est-il heurté. Partagée entre curiosité et instinct de survie, j’hésite en le regardant, sa bouche s’ouvre doucement, quelques mots tenus s’échappent « aide moi ».

    Gabriel ouvre les yeux, cherchant autour de lui quelque chose de familier auquel se raccrocher, je semble trouver une place dans son champ de vision, « merci » me dit-il. Ne me remercie pas, raconte moi, ai-je envie de lui répondre, en me détournant sans rien dire.

    « Je suis reparti longtemps, J’ai voulu abandonner mais jamais je n’ai résisté, encore et encore il m’a fallu tenter pour comprendre. J’ai vu des choses que je n’aurais jamais dut voir, j’ai souffert terriblement, spectateur d’une humanité cruelle, le 20 avril 1889 j’aurais pu d’un geste mettre fin à la vie du plus redoutable tyran de l’histoire humaine, je n’ai même pas pu le toucher, on ne m’a pas offert ce pouvoir, sachant ce qu’il allait faire je n’ai pu que le regarder en pleurant sur les millions de victimes que cet enfant ferait une fois adulte et l'aurais-je fait ?. Combien ont rêvé de pouvoir remonter le temps pour le tuer, et moi j’étais là impuissant, ne pouvant intervenir. Je cherche toujours le trésor, on me donne des bombes, des charniers, des enfants guerriers, esclaves, des femmes vitriolées, des bébés vendus, battus, violés, je ne peux que regarder, dit moi où est le trésor dans ce temps décomposé ? » ...

    Illustration Daniel Shiffman

  • Laisse l’audacieux déterminer

    constanceguissetvertigo.jpgLe sentiment flotte légèrement au dessus de ma conscience, je trouve finalement désagréable ce détachement de plus en plus fort, cette espèce de faculté à occulter les problèmes, la colère. Ne plus rien voir, ne rien ressentir, détourner les yeux ou le cœur, pour ne pas avoir à perdre plus encore, ne rien avoir à en dire, surtout ne rien prévoir, oublier d’anticiper, feinter la peur des moments difficiles. Je me sens vide, dépeuplée, de ce que je repousse dans la crainte d’être submergée, je me sens dure pour ne pas me fissurer, dans l’attente, les questions sans solutions, les envies sans concrétisations, espérances sans perspectives. J’abandonne sans même y penser. J’aimerais retrouver l’énergie comme une hardiesse déterminée, reconquérir le besoin de rythmer les jours, le temps, de petits détails, de plaisirs à caresser au creux de la tête, pour bercer la vie de futilités câlines, joyeuses, inutilement essentielles.

  • Savoir Douter

    J’ai peur des ciels sans horizons

    Croire, faut il croire encore, l’espoir, s’accrocher vers le haut, se hisser, sans retomber, s’élever pour s‘envoler, se réinventer, se réapproprier des rêves qui traînent, de la peine en dentelle se faire des soupirs à déchirer les nuits. S’écrire des sanguines à la peau, les ôter à s‘effleurer, se voiler le regard et s‘y cacher, s’ouvrir l’âme en grand, écartelée, quel est le risque intime. Intoxiquer l’apprivoisé, retrouver sans faute, se mettre au corps à corps comme en porte-à-faux, présomption d’absence, en effet de soi pour toi.