Je suis rentrée, et il me manque, encore, j'aurais aimé être hier, l'attendre, le voir pousser la porte, voir dans ses yeux et lire sur sa bouche tout ce qui ne se dit pas.
Aujourd'hui j'hésite, reprendre le cours, tranquillement, discrètement, ou me laisser aller à l'envie de retrouver ce plaisir d'adolescente fleur bleue, comme quand je lui écrivais les mots sur du papier, j'aurais aimé relire ces lignes aujourd'hui, voir ce à quoi je rêvais à l'époque, comment je le voyais, et le relire lui, je m'en veux parfois d'avoir oublié l'essentiel, de n'avoir gardé qu'une impression douce et floue, que le temps à juste un peu effacé sans rien abimer. Il devait y avoir un plaisir simple et surtout sans limites, sans réalité également, comme aujourd'hui, et la boucle est bouclée, j'ai la nostalgie à fleur de peau ce soir et elle est loin d'être bleue.
Oui j'hésite à me laisser aller à une envie de rêver à nouveau, pour rien, comme ça, juste pour me faire du bien, ou de me taire une fois encore, pour ne pas le gêner, le blesser, comme souvent je me demande ce qui est bien, pour moi et pour lui, je me demande ce qu'il aimerait entendre, ce qu'il ne veux pas savoir, on en revient un peu à notre conversation d'hier, que j'ai apprécié à sa juste valeur, il est souvent délicat de communiquer, tout autant que d'aimer.
Et au milieu de tout ça les émotions, les sentiments, ça se mélange comme une boule au creux du ventre, peur, anxiété, fantasmes, manque, envie, de quoi alimenter les nuits mais pas les jours.
Il est lié à une partie de moi que je n'accepte pas, que je ne regarde plus en face, celle qui n'a pas grandit, celle qui aimait vraiment sans ce poser de question, sans rien remettre en cause, avec ardeur et surtout avec le cœur pour seul moteur, je vis avec une autre, qui se protège, qui se blinde et se cache et qui croit en pas grand-chose, c'est plus simple, facile.
Je ne sais pas pourquoi je suis là à écrire, ça de cette façon la, en pensant à lui, j'ai envie de tant sans pouvoir beaucoup. C'est chiant.