
Et nous avons donc vu la mer, et sur le sable des milliers de serviettes, et sur les serviettes des milliers de gens, il y en avait tout autant dans l’eau un peu fraiche. Sur la plage nous avons mangé des frites enfin plutôt une espèce de purée sublime dorée et croustillante, c’était le premier octobre et il y avait dans l’air comme une vengeance sur l’été tout moche que beaucoup ont détesté, un pied nez des travailleurs en weekend qui s’offraient ainsi un moment inattendu.
Et nous avons vu une panne, sur la rocade nord, en rentrant, il a bien fallu en rire, et nous l’avons fait, énorme, quand le dépanneur a fait monter comme il a pu la voiture sur sa dépanneuse, avec nous dedans, hilares, et la route ensuite et nous là-haut dans une voiture sans chauffeur. Et nous avons vu le parking du dépanneur, dans le noir, dans la zone industrielle déserte, en attendant le taxi, avec nos serviettes et une sans culotte.
La panne, voyage sur un plateau par Bougrenette
Tard dans la soirée en mangeant des saucisses cocktail et des bouts de fromage on s’est dit que c’était ça l’aventure et il a bien fallu en rire encore.
Et le dimanche, j’ai bullé en rentrant parfum d’épices et mes souvenirs, je suis sûrement une future fan de Lush, merci ma puce j'ai adoré retrouver ainsi pourquoi tu me manques tant.
Conjugue-moi ! A l’impératif présent, le mot sur la langue, l’idée dans la tête, l’envie sur la peau, raconte-moi une histoire pour m’y reconnaître, un rendez-vous la nuit, la lune au dessus. Invente-moi sirène et dessine-moi la mer sensuelle en murmurant le bruit des vagues sur mon corps, croque-moi de tes mains, laisse-moi imaginer les caresses humides, le goût du sel sur tes lèvres, la chaleur de ta bouche gourmande, affamée. Sature-moi de désirs en apesanteur, à la marée montante, pénétrante, infiniment. Fait-moi rêver qu’on pourrait s’y retrouver, s’y baigner, s’y noyer d’une jouissance d’embruns mêlés et s’échouer sur un bonheur pour quelques heures.
Un vertige, sombre, âpre sur une lenteur doucement attendrissante pourtant et un silence aigu, indicible, posé sur l’indéfinissable songeuse, la fugitive anxieuse qui se blesse à ses failles, s’enchaîne. Soupirer une intention indéfinie, vaguement confuse, une négation sans nuance et quelques tendances à l’amertume vaine, inutile. Dissiper l’épreuve, ineffable phénomène s’inclinant sur sa proie tourmentée. Exprimer pour s’exhorter, plonger, sombrer et dans l’évidence de cette chute, se surprendre et se voir consternée, évidemment.
Le silence est comme l’ébauche de mille métamorphoses. Yves Bonnefoy
Une chèvre, sur un baobab, perchée,

C’était mon dernier mot et il s’est brisé sur une sensibilité mal placée, depuis je préfère me taire, en silence. Faut il réellement se protéger quand l’on donne, faut il nécessairement que l’on soit lucide pour être fort. Finalement j’ai l’air de me laisser séduire. J’ai combattu mes réserves et entre mes mots une voix, des désirs et des envies, un rire, un souffle sur la fin d’un jour et le murmure d‘un baiser (un baiser ne prend sa juste valeur que cachée sous l’attrait du désirable grisant), éternelle promesse à l‘éveil des sens, à la fragilité de cette découverte, à la futilité de ce plaisir à vif qui s‘émoustille à l‘inconnu anticipé. Je regarde passer mes nuits depuis un moment, les yeux grands ouverts dans le noir, je me rejoue quelques scènes sans le script et sans erreurs, si j’avais pu, si j’avais su, j’ai mon monde à refaire et une vie à habiter. La nuit je m’autorise la faiblesse d’avoir peur, je me parle de ma douleur, de mes chagrins, de cette nouvelle épreuve et j’en fais le tour, tout autour, forcément je ne dors plus vraiment et je suis fatiguée, trop. Mais je vais bien, tu n’as rien vu, rien dit, rien demandé, comme beaucoup, comme presque tous, comme les autres, ça me fait doucement sourire, c‘est mieux qu‘en vomir. (La colocation à 40 ans avec sa mère n'a rien de simple parfois) ce soir je lui ai parlé de T. lui expliquant plus ou moins ma situation, elle a semblé à moitié surprise et a accepté bien sur d'aller passer une nuit ailleurs avant de rajouter : et sa femme elle va bien ? ... je te laisserais le chat ! je n'ai pas su quoi répondre, pour le chat.