Les mots perdus, de dictionnaires, en synonymes, du matin au soir, du cœur à la tête, courant sur le clavier ou le papier froissé par une idée et repassé par une pensée. Le mot égaré par un avis de non recherche, mineur ce n'est pas son heure, reste posé là, il n’y a pas de fourrière à mots perdus ils ne sont jamais rendus et les uns derrières les autres ils ne ressemblent à rien et pourtant. Des mots en vrac joyeux et frivoles s’envolent caressant les rires et les sourires cassant la gueule à quelques morosités bien encrées par quelques plumes qui bavent, d’envies. Des mots tempête sur les rives d’une colère fracassant une heure qui passe pour que la suivante s’illumine autrement. Des mots en sous-sol, rencontre qu’on ne peut que rêver sous la volupté et les sens diaboliques de fragilité à fleur de désirs qui se cherchent, qu’elle est belle. Des mots qui nagent, papillons délicieux pour une vie en quartiers, jus sucré sur l’acidité des difficultés qu’on se glisse sous les pieds, cherchant un regard qui ne le mérite pas. Des mots pique assiette, cachant une douceur sans définition. Des mots questions pour un jeu de hasard qui ne fait pas grand cas d’une sensibilité qui n’a pas besoin de ça, insolent, à la délicatesse qui veut prendre l’air sur un air de passion. Des mots qui se hérissent, sous le feu d’une rencontre éphémère et s’emballent sous la fougue d’un je peux y croire ce soir sous une pluie de fleurs en couleur. Battements de mots sur un regard de velours, trouble d’une reconnaissance. Des mots nouveaux, songeurs enveloppés d’une fraîcheur et d’une pointe de mystère en apesanteur, pour quelques heures sur un fil de temps qui tourne en pelote. Et les mots qui rêvent d'ailleurs pour un conte en pied de nez à la nuit étoilée de fantasmes mais qu’on ne peut espérer, qu’on ignore pour de faux mais qui courent sur la peau, ainsi vont les peurs, enracinées au fin fond du cœur. Je déteste le silence, ça se sont les mots gratuits. Vous n’avez rien compris ? Comme moi, quand je ramasse les mots je ne comprends pas tout, alors je les dépose bout à bout pendant que la nuit tombe sans bruit sur le mauve du soleil qui s’éteint.
(je ramasse des images aussi, j'aime bien)