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Voyages de nuit - Page 59

  • Un rien

    Il y a des jours et des nuits, au milieu parfois, quelques minutes où cela se mélange pour se dire tout est fini et ainsi va la vie. Ca pince le coeur ou le ventre, enfin ça pince quelque chose qu'on situe pas bien car ça va et vient.

    Image hébergée par servimg.com

  • Ramasse-mots

     Les mots perdus, de dictionnaires, en synonymes, du matin au soir, du cœur à la tête, courant sur le clavier ou le papier froissé par une idée et repassé par une pensée. Le mot égaré par un avis de non recherche, mineur ce n'est pas son heure, reste posé là, il n’y a pas de fourrière à mots perdus ils ne sont jamais rendus et les uns derrières les autres ils ne ressemblent à rien et pourtant. Des mots en vrac joyeux et frivoles s’envolent caressant les rires et les sourires cassant la gueule à quelques morosités bien encrées par quelques plumes qui bavent, d’envies. Des mots tempête sur les rives d’une colère fracassant une heure qui passe pour que la suivante s’illumine autrement. Des mots en sous-sol, rencontre qu’on ne peut que rêver sous la volupté et les sens diaboliques de fragilité à fleur de désirs qui se cherchent, qu’elle est belle. Des mots qui nagent, papillons délicieux pour une vie en quartiers, jus sucré sur l’acidité des difficultés qu’on se glisse sous les pieds, cherchant un regard qui ne le mérite pas. Des mots pique assiette, cachant une douceur sans définition. Des mots questions pour un jeu de hasard qui ne fait pas grand cas d’une sensibilité qui n’a pas besoin de ça, insolent, à la délicatesse qui veut prendre l’air sur un air de passion. Des mots qui se hérissent, sous le feu d’une rencontre éphémère et s’emballent sous la fougue d’un je peux y croire ce soir sous une pluie de fleurs en couleur. Battements de mots sur un regard de velours, trouble d’une reconnaissance. Des mots nouveaux, songeurs enveloppés d’une fraîcheur et d’une pointe de mystère en apesanteur, pour quelques heures sur un fil de temps qui tourne en pelote. Et les mots qui rêvent d'ailleurs pour un conte en pied de nez à la nuit étoilée de fantasmes mais qu’on ne peut espérer, qu’on ignore pour de faux mais qui courent sur la peau, ainsi vont les peurs, enracinées au fin fond du cœur. Je déteste le silence, ça se sont les mots gratuits. Vous n’avez rien compris ? Comme moi, quand je ramasse les mots je ne comprends pas tout, alors je les dépose bout à bout pendant que la nuit tombe sans bruit sur le mauve du soleil qui s’éteint.

    (je ramasse des images aussi, j'aime bien)

  • 4 - Gabriel, A la nuit.

    96c5e10fafac63f03a20e919e494b594.jpgIl m’a fallu des jours pour le croiser, des semaines pour lui parler, des mois pour le connaître, des années pour l’aimer. Gabriel n’est pas un ange, Gabriel est une énigme, un homme, qui comme beaucoup d’autres a cette faculté de jouer du secret pour provoquer l’attirance, cette facilité à blesser en toute innocence, se justifiant d’une protection ou de raisons qu’il ne saurait être question de dévoiler au risque de devenir plus fragile, un état qui ne sied pas à un mystère. Gabriel m’a donné son corps, jamais son cœur, Gabriel m’a offert des nuits, jamais des jours, j’ai vu les étoiles au fond de ses yeux jamais le soleil dans ses cheveux. Il est un rêve éveillé, de ceux à qui ont met des ailes à l’aube en les quittant pour ne pas voir le feu de l’enfer qui les ronge. Il a dévoilé, mais si peu, racontant des histoires tellement fantastiques que cela en devient tragique, j’écoutais, en silence n’osant rompre par des questions ces moments rares, les gardant en mémoire pour plus tard ...

  • Petit bien

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    Le regard voilé de brume,
    Elle succombe en silence.

    Des larmes en marées
    Tapies au fond des yeux
    Elle tombe.

    Il suffirait d'un petit rien
    Pour la voir submergée.

    Entre deux eaux
    le cœur en apnée,
    un peu naufragée.

    Il a suffit d’un petit bien
    Pour tout recommencer.


    Photo : Studio Habousha

  • A la manière de : Verlaine

    Gicerilla a eu l'audace (dit-elle) de s'inspirer de Jean, pour nous offrir une fable renversante. En écho Verlaine (qu'il me pardonne, cet essai un rien bancale et fragile) et un thème, la confiance.

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    Voici des joies, des peines, des rires et des peurs
    Et puis voilà ma confiance qui n’est que pour vous.
    Ne la brisez pas avec vos petites rancoeurs
    Qu’elle ne soit pour vous que plaisirs si doux.

    Je ne suis que tendresse à peine éveillée
    Que mes cauchemars caressent avec trahison.
    Laissez mes folies à votre chaleur s’apaiser
    Profiter des moments qui les combleront.

    Sur vos sourires laissez peser ma tête
    Toute pleine aussi de vos baisers volés,
    Laissez la se vider sans qu’elle s’en inquiète,
    Et qu’enfin je m’aime un peu, puisque vous aimez.

    Photo : Darkrose42

  • 3 - Gabriel, le cadeau

    5a9b3f98f78b20a21b6689b7053de389.jpgGabriel ouvre les yeux …

    La nausée au bord des lèvres, et une main crispée sur le bout de papier. Que c’est-il passé, où est-il, il se sent très mal n’arrivant pas à fixer son attention sur ce qui l’entoure, espérant retrouver sa chambre de motel sordide, appréhendant surtout que cela ne soit pas le cas et il referme très vite ses paupières occultant ainsi son regard, pour quelques minutes, le temps de reprendre son souffle et ses esprits.
    Il s’est senti disparaître, comme vaporisé, chaque cellules de son corps se séparant les unes des autres, il a encore dans la bouche le goût acide et amer de la terreur d’en être conscient, réellement et totalement et il a surtout sur le cœur ce pitoyable regret d’avoir à nouveau ouvert les yeux, que ce voyage n’ait pas été la fin qu’il attendait depuis si longtemps.
    Et maintenant il devine son corps reposant tant bien que mal sur le sol, il entend le vent qui joue avec des arbres, la musique d’une eau qui coule, il la devine là sur sa droite, il a soif, infiniment, cruellement, il sent des odeurs qui l’accrochent, oubliées depuis longtemps, la terre humide, les fleurs, l’air lui-même et son parfum incomparable, la douceur de sa caresse sur sa peau et cette sensation d’être offert à une nature chaleureuse et tendre, d’être blotti au creux de sa fraîcheur, d’être lové au plus profond d’un amour.
    Gabriel ouvre les yeux …
    Sur un toit de verdure, des étoiles de ciel se devinant à peine, et des oiseaux filant pour disparaître ensuite. Rien d’humain autour de lui, comme une évidence. Il se redresse, avec difficulté mais reste assis bien incapable en cet instant d’en faire plus et encore moins de combattre l’impossible, il est ailleurs dans un lieu qu’on ne peut même plus trouver sur terre, ça fait quelques années que les arbres ont disparus, les oiseaux également. L’eau ne coule plus librement et le vert n’est maintenant qu’artificiel.
    Il regarde le papier, de loin, sans oser, timidement, il le retourne et le retourne, il se souvient des mots, doute soudain, hésite mais il lui faut les relire.


    « Ta destinée est de trouver le trésor »
    « Le temps t’est offert pour y arrivé»


    - Le temps ? comment cela est-il possible ?

    Gabriel vient d’hurler cette question.

    - je refuse le temps, votre temps et cette magie que je n’arrive pas à comprendre, je vomis votre destinée, je crache sur votre trésor et votre « transfert » vous pouvez vous le co…
    Et il disparaît …

  • 2 - Gabriel, un matin

    1a272d8fa4456858edb97ab02b9e0ebb.jpgGabriel, si je peux aujourd’hui raconter l’histoire de cet homme, c’est qu’il y a quelques années, j’ai croisé son regard et ses vies par hasard. Un matin, je l’ai aperçu dans le jardin d’en face, il avait la carrure d’un vaisselier ancien et sa patine aussi. Des muscles puissants se devinaient sous la chemise aux manches retroussées. La peau brûlée par le soleil et la vie au grand air. Sans âge, chaque rides tatouées sur sa peau, faisant de son visage un parchemin antique. Et son regard, si vous aviez pu voir son regard, une profondeur envoûtante, de celle qui vous fait plonger sans qu’on ait compris ni pourquoi ni comment. Il se tenait sous le vieil arbre au milieu des pétales de fleurs rosacées tombées sous la brise de l'aurore. Sa silhouette dans ce décor comme déplacée, il aurait été plus à sa place sur le pont d’un bateau ou sur le dos d’un chameau dans un désert brûlant, aventurier plutôt que jardinier. Ne se sachant pas observé, il a sorti une enveloppe de sa poche, elle semblait usée d’avoir été longuement manipulée, il l’a décacheté pour en sortir un papier jauni, après quelques minutes j’ai pu apercevoir quelques larmes sur ses joues et une terrible douleur au fond de ses yeux. La vision qu’il offrait alors était étonnante de fragilité contrastant fortement avec son allure la seconde d’avant. Mais ce moment est passé et il est retourné à sa tache, cherchant à débusquer les dernières herbes folles de ce petit jardin, n’arrivant qu’a faire fuir une phalène blanche. De cet instant est né le besoin viscéral pour moi de savoir qui il était, et pourquoi il pleurait ainsi seul en lisant un vieux bout de papier abîmé par le temps …